Difficile d’imaginer plus belle mise en valeur que celle de la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Lauréate comme 20 autres start-ups de l’appel à innovations « JOP Paris 2024 » piloté par France Mobilités, FinX a brillé à cette occasion en dévoilant au monde un navire made in France biosourcé baptisé Imagine, dernier relais fluvial de la Flamme, avec à son bord Rafael Nadal et Serena Williams.
La barre de la start-up, c’est un entrepreneur aussi passionnant que passionné qui la tient ferme : Harold Guillemin. Si ses rêves, la nuit, doivent mélanger sirènes et licornes, l’ancien de l’ESME Sudria, passé par le master spécialisé Centrale-ESSEC Entrepreneurs, a bien les pieds sur terre (et la tête en mer). Lui qui se dit animé par « l’ardent désir de vivre dans un monde meilleur, plus doux », a trouvé dans le biomimétisme une raison d’entreprendre.
«Après 300 ans de domination de l’hélice, nous esquissons un monde maritime plus inspiré par la nature, comme dans une forme de retour aux sources », expose-t-il. FinX emploie déjà plus de vingt collaborateurs. En 2023, elle a intégré le cercle prestigieux de la French Tech 2030.
La membrane ondulante de FinX, inspirée du fonctionnement des nageoires animales, présente sur le papier bien des avantages. « Le moteur de bateau à nageoire est plus sûr (pas d'hélice, pas de hachoir) et présente une grande robustesse grâce à l’absence de pièces mécaniques rotatives », développe Harold Guillemin. Electrique, il offre aussi une perspective décarbonée au marché du nautisme.
Comme souvent, cette petite révolution est le fruit d’un long parcours de circonstances, de rencontres… mais aussi de chance. « L'inspiration n'est rien sans la chance, estime même Harold Guillemin. En gagnant le premier prix d’une tombola à l’âge 13 ans, je me suis dit que j’étais quelqu’un de chanceux et j’ai cultivé cette idée jusqu’à aujourd’hui ! ». Visiblement, elle lui a permis de tracer sa route.
Bien sûr, sa force tient aussi et avant tout dans sa vision et sa capacité de travail. En 2014, diplôme en poche, Harold Guillemin commence par rejoindre Wavera, une start-up fondée par son père Erik Guillemin et feu Jean-Baptiste Drevet, à l’origine du principe de pompe à membrane ondulante. Cette technologie unique sera par exemple vendue au secteur médical pour créer des micro-pompes d’assistance cardiaque. Mais après 5 ans sous la casquette de responsable technique, Harold Guillemin a envie d’ailleurs. « J’étais archi-convaincu par le potentiel de la technologie et j’aimais la recherche, mais en tant que jeune ingénieur et marin breton, j’ai eu envie de l’appliquer à un domaine qui me tenait à cœur », raconte-t-il.
Nous sommes en 2018. Le jeune ingénieur achète une licence aux co-fondateurs de Wavera, dont son père, puis part « se renforcer en entrepreneuriat ». Direction le MS Centrale-ESSEC Entrepreneurs, sous la direction d’un certain Jean-François Galloüin, devenu depuis membre de l’advisory board de FinX et conseiller de confiance d’Harold Guilllemin. « Cette formation m’a aidé à prendre confiance en moi et à mieux savoir vendre un projet. Si c’était à refaire, je le referais cent fois », confie-t-il. Jean-François Galloüin a été le premier à lui conseiller de simplifier le discours, à parler par exemple de nageoire plutôt que de membrane ondulante. Résultat, FinX a su mieux se faire comprendre « et faire rêver ».
Harold Guillemin fonde FinX en juin 2019. Accélérée par Wilco et CentraleSupélec, la petite équipe accéde au FabLab LaFabrique, pour réaliser des prototypes et certaines pièces du futur moteur. Sur le versant financier de l’aventure, Harold Guillemin a la chance (encore elle) de pouvoir compter dès le départ sur la confiance d’un banquier. « Je n’avais pas de cash, se souvient-il. Ce dernier m’a accordé un prêt étudiant, ce qui m’a permis d’amorcer la pompe. Je me suis servi de ce premier petit apport pour créer un effet de levier et rassurer. Investir moi-même dès le départ dans mon projet via ce prêt montrait à tout le monde que j’y croyais ». Grâce à cette détermination et de bons contacts, Harold Guillemin et FinX attirent bientôt les business angels, mais aussi le « pape » du biomimétisme, Alain Renaudin, ainsi que le navigateur Loïck Peyron, « qui a apporté une nouvelle dimension en termes d’image et de communication ».
Au fond, Harold Guillemin carbure avant tout à l’optimisme et à la conviction. Produire en France est du coup pour lui une évidence, ce qui a d’ailleurs permis au passage d’obtenir le précieux soutien de Bpifrance. Avec un siège social basé au Havre, la start-up a également attiré un pool d’investisseurs de Normandie, la région où est produit son moteur Fin S (4CV-2kW). Au fil du temps, la société a su tisser un réseau de sous-traitants dans un rayon de 150 km, « prouvant que faire du made in France est possible dans l’industrie ».
Prochain objectif : produire le nouveau moteur Fin E (150CV-110kW). « La croissance se fera sur le marché du hors-bord avec ce type de propulseur », veut croire Harold Guillemin. Pour y parvenir et s’inspirer des meilleurs, la start-up s’est même rapprochée d’un constructeur automobile. Et en avril, bien plus qu’un symbole, plusieurs moteurs Fin S ont été expédiés à New York dans un voilier-cargo de Grain de Sail, une autre start-up française bien déterminée à bouleverser l’industrie marine et nautique. Des nageoires et des voiles, comme un avant-goût du monde nautique idéal qui guide Harold Guillemin au quotidien.
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