Portrait │Clémentine Lalande (kelvin), l’impact comme boussole 🧭

Clémentine Lalande a les méninges qui turbinent vite et une méthode de travail acérée. Elle qui donne l’impression d’avoir déjà vécu mille vies (et ce n’est pas qu’une impression), est guidée par un seul but : transformer la société dans le sens du durable. Elle s’y attèle désormais sous la casquette d’entrepreneuse. Depuis le printemps 2023, la centralienne est à la tête de kelvin, cofondée avec Pierre Joly et Guillaume Sempé, dont le logiciel SaaS propulse l'IA dans le marché vaste mais cloisonné de la rénovation énergétique. En donnant un sérieux coup de fouet au fameux DPE (Diagnostic de performance énergétique), la jeune pousse cherche à accélérer la rénovation énergétique des logements en France et en Europe.

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Mais avant d’en arriver là, Clémentine Lalande a construit son parcours professionnel avec détermination, brique par brique, avec ce même appétit insatiable de comprendre, maîtriser et oser. « J'ai commencé au Boston Consulting Group (BCG) avec l’idée d’occuper une position hélicoptère qui me permettrait d’observer tous les secteurs d'un coup », raconte l’ingénieure. Après 6 ans à accumuler les expériences auprès de grands acteurs industriels mais aussi de l’ONG Action contre la faim, le côté « machine à slides » du métier finit par l’user.

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« Notre solution peut s’installer dans le paysage comme un réflexe, une norme, pour aider à réussir l’urgent passage à l’échelle de la rénovation thermique. »

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Du dating féministe au climat 

En quête de plus de sens, d’intérêt général et d’action, elle rejoint courant 2013 Yunus Social Business, l’un des premiers fonds d’investissement à impact. « Pour certains, à cette époque, c’était comme si j’annonçais monter une fromagerie dans le Larzac ! », s’amuse-t-elle. Pendant cinq ans, elle accumule de nouvelles expériences, côtoie un Prix Nobel de la Paix, Bill Clinton ou encore Matt Damon à l’ONU. Mais une fois de plus, son désir d’impact n’est pas pleinement satisfait et elle change d’air. Quelques mois plus tard, un entrepreneur la contacte et la convainc de monter avec lui une app de dating féministe et engagée, expérience qui lui permettra d’apprendre à « monter de gros objets tech », observe-t-elle. C’est sa méthode à elle : accumuler les expériences et le savoir, sans perdre de vue son objectif de fond.

En 2021, elle revend la start-up et s’accorde une pause pour préparer la suite. Un jour de canicule, « alors que j’accompagnais ma fille à l’école, cette dernière me demande pourquoi il faisait si chaud, se souvient-elle. Le thermomètre atteignant déjà 35°C ! » Comme un déclic, cette nouvelle réalité la propulse sur une piste qui deviendra son prochain chapitre professionnel : « J’ai compris que ma prochaine boîte serait massivement contributrice sur la question du climat ».

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« J'ai squatté des dizaines d'entreprises de construction » 

Clémentine Lalande engloutit toutes les études sur le sujet et se met en quête de cofondateurs de talent, d’expérience et en adéquation avec ses valeurs. Avec Pierre Joly (ex-Ermeo), « un coup de cœur pro », elle va ensuite itérer, affiner des idées, s’immerger dans le secteur du bâtiment, devenir elle-même diagnostiqueur ! « J'ai squatté des dizaines d'entreprises de construction », raconte-t-elle. La cible est confirmée : la rénovation énergétique et ses enjeux colossaux. Le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques de la France et 23 % de ses émissions de gaz à effet de serre. 

Problème : moins de 10 % des entreprises de construction seraient compétentes en France pour réaliser un audit et des travaux énergétiques et, pire, 75 % des travaux de rénovation sur les maisons individuelles n’aboutissent pas à une amélioration du DPE. « Aujourd’hui, la rénovation énergétique a du mal à passer à l'échelle. On manque de méthodes, d'outils, de systématisation, de standardisation. Par ailleurs c'est un sujet technique, complexe, dans lequel l'expertise est mal répartie », éclaire-t-elle. Kelvin s’attaque justement à ces faiblesses. 

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Reconnaissance visuelle par l’IA

La start-up cible les opérateurs travaux et les acteurs de l'immobilier, en leur mettant à disposition « un outil dont les résultats sont aussi fiables que ceux d’un audit de terrain », explique l’entrepreneuse. Si la solution ne remplace pas le DPE officiel, elle a le mérite d’apporter une connaissance précise et rapide de l’état énergétique d’un logement, sans débourser le prix d’un audit de terrain, et donc d’accélérer potentiellement la prise de décision. Pour y arriver, le logiciel contient plusieurs briques techniques : géostatistique (des dizaines de millions de data points du parc immobilier ont été intégrés) ; reconnaissance visuelle par l’IA d’images prises sur place par smartphone ; modélisation 3D à distance à partir de clichés satellitaires et du cadastre ; et un moteur de recommandations de travaux personnalisées. 

En pleine accélération commerciale après avoir levé cette année 5 millions d’euros, kelvin voit loin. « Notre solution peut s’installer dans le paysage comme un réflexe, une norme, pour aider à réussir l’urgent passage à l’échelle de la rénovation thermique », conclut Clémentine Lalande avant de repartir enchaîner les rendez-vous avec cette même énergie débordante. 

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Actuellement, 75 % des travaux de rénovation sur les maisons individuelles n’aboutissent pas à une amélioration du DPE.

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