A l’heure où l’énergie chère freine l’indispensable réindustrialisation de l’Europe, Highcast est une start-up à suivre. Fondée en 2021 par le duo Flore de Lasteyrie et Vivien Robert, tous deux passés par le MSc Data Sciences & Business Analytics de CentraleSupélec et de l’ESSEC Business school, la jeune société a mis au point une plateforme SaaS de pilotage énergétique grâce à l’IA pour les usines. L'intelligence artificielle est ici mobilisée afin de valoriser ce que l’on appelle les flexibilités électriques. Autrement dit, elle aide les usines à consommer aux meilleurs moments, lorsque l’électricité est moins chère et moins carbonée (ce qui est souvent lié).
« Les industriels sont tiraillés entre, d’un côté, des objectifs de décarbonation et, de l’autre, leurs contraintes de réduction de coûts liées à leurs activités à marges faibles. Avec notre solution, nous leur permettons de réconcilier les deux », affirme Flore de Lasteyrie, passée experte en planification énergétique industrielle.
Mais avant d’en arriver là, l’ingénieure a cheminé pour trouver sa voie entre data et impact. Aux Arts & Métier, dont elle est diplômée, elle suit la filière « fonderie », avant de s’intéresser à la transformation numérique. Elle oriente ses stages dans ce sens et rejoint notamment Sopra Steria, où elle s’empare des questions d’innovation digitale. Mais comme elle souhaite acquérir des compétences en data science et en machine learning, elle choisit d’intégrer le MSc Data Sciences & Business Analytics en double parcours, avec un stage à Singapour à la clé.
S’ensuivent deux années au sein du cabinet de conseil en data et en IA, Artefact, puis une première aventure entrepreneuriale (Outcome) qui ne survivra pas à la crise Covid de 2020. « Il faut être prêt à l’éventualité de l’échec quand on se lance. Cela m'a beaucoup appris », relativise-t-elle. Et Flore de Lasteyrie rebondit vite, au contact cette fois de Vivien Robert, croisé à plusieurs reprises sur sa route : en prépa, en Master, puis à Artefact. Tout est histoire de rencontres. « Nous voulions mettre nos compétences en data au service d’un sujet à impact », raconte-t-elle.
Après de longs mois d’itération, d’échanges et de réflexion, le duo se fixe un périmètre : ce sera l’énergie dans l’industrie. « Nous avons réalisé ensuite une centaine d’interviews d’industriels et d’experts du secteur de l’énergie. Nous voulions savoir comment nos compétences pouvaient les aider ». Plusieurs de ces personnes deviendront plus tard des clients, des investisseurs ou des conseillers. En octobre 2021, Highcast voit le jour.
La solution développée a tout pour s’imposer. Elle doit permettre aux usines de réaliser un double gain : économique d’abord, avec jusqu’à 20 % d’économies sur les factures énergétiques ; environnemental ensuite, « car nous avons la chance, en France, que l'énergie la moins chère soit souvent aussi la moins carbonée », rappelle Flore de Lasteyrie. Avec l’essor des énergies renouvelables intermittentes, une part croissante de la production énergétique n’est en effet pas pilotable. Résultat, les prix de l’électricité sur le marché de gros fluctuent plus fortement. « Cette tendance s’est accentuée depuis 2021 », observe la CTO, qui affirme que six heures sur 100 en 2024 ont vu des prix de l’électricité négatifs ou nuls sur le marché. C’est vers ces prix bas qu’Highcast veut orienter les industriels lors de leurs phases de planification.
Concrètement, la solution se présente sous la forme d’un tableau de bord, avec un indice unique créé pour l’occasion : l’ICE (Indice des Coûts d'Electricité). « Notre solution crée un jumeau numérique de l'usine, à partir de tous ses contrats de fourniture d’énergie, pour produire des simulations », explique la CTO. En phase de planification, des vues dédiées aident l’industriel à visualiser quand lancer ses opérations énergivores au meilleur moment. « La force d’Highcast est de ne pas être un courtier, mais un tiers de confiance agnostique aux fournisseurs », souligne Flore de Lasteyrie. La start-up développe en plus un rôle de conseil et d’accompagnement dans la durée.
Accompagnée par l’accélérateur 21st by CentraleSupélec, Highcast a bouclé en 2024 une levée de fonds en seed de 2,1 millions d'euros, co-menée par CentraleSupélec Venture. « Véritable coup d’accélérateur », cet apport doit lui permettre de franchir un cap : « Devenir l'acteur incontournable du sujet auprès du monde industriel en France, et bientôt ailleurs en Europe », précise la cofondatrice. L’un des grands chantiers de 2025 sera également de parvenir à faire certifier une méthodologie reconnue de mesure des gains d’émissions de gaz à effet de serre. « Nous avons obtenu des premiers résultats encourageants quei nous devons faire certifier ».
En attendant, Flore de Lasteyrie et Vivien Robert avancent avec l’impact comme boussole. « Entreprendre peut-être dur mentalement, il faut donc être bien accroché. C’est là que l’impact aide à rester motivé, confie Flore de Lasteyrie. Quand j’échange avec nos clients et que je sens leur satisfaction devant les économies réalisées dans cette période difficile pour le secteur, la fierté que j’éprouve me porte ! »
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